À ce jour, la plus grande partie de ma famille est née et vit aux États-Unis. Pour la plupart, je les connais peu, voire pas du tout, mais jusqu'à récemment, nous restions en contact via Facebook et Messenger. Ma famille américaine, majoritairement démocrate et progressiste, vit aujourd'hui un cauchemar.
Il n'y a aucun "antiaméricanisme primaire" dans mon projet de dégafamisation. La preuve dans cette série de trois articles, à la lecture desquels certains ne manqueront pas de railler ma gafamisation quasi-complète au moment des faits. Aucun "antiaméricanisme" donc, mais en revanche, un rejet politique assumé et revendiqué.
Chacune et chacun connaît, aujourd'hui, ce qu'il en est de la politique de Donald Trump et de ses affidés, adeptes du salut nazi. Je constate d'ailleurs, non sans effarement, que certains parmi mon réseau professionnel se sont rangés sans vergogne aux discours trumpistes. J'ai donc parfaitement conscience que la bataille culturelle est loin d'être gagnée.
Dans le domaine du numérique, parmi les ténors de la Silicon Valley, beaucoup ont fait allégeance sans tarder à Donald Trump. Parmi eux, Elon Musk bien sûr, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg sans surprise, mais aussi, ce qui m'a plus spécialement chagriné, Sundar Pichai.
Quant à moi, je décide de ne plus confier mes données, et parfois mon argent, à ces sinistres personnages. L'heure est donc à la reconquête de solutions numériques made in Europe.
REMARQUE : Je ne suis affilié à aucune marque ou entreprise, je me contente de relater une démarche personnelle, effectuée à tâtons, sans garantie que mes choix soient les plus pertinents. Je tiens, par ailleurs, à trouver des solutions grand public, accessibles à toutes et tous.
Dans cet épisode, RIP...
Et bienvenue à...
Adresse de messagerie
Commençons par ce que j'avais déjà le plus de mal à assumer en 2025 : mon adresse de messagerie @hotmail.fr 😅
Je l'avais créée en 1999, dans les semaines qui ont suivi l'arrivée en France du service MSN.
À cette époque, mon adresse e-mail principale était @laposte.net, choisie parce qu'elle était portée par un service encore un peu public. Néanmoins, je me suis laissé emporter par la vague MSN, et pour cela, l'adresse e-mail chez Microsoft était un passage obligé.
Alors oui, les messageries instantanées existaient déjà depuis longtemps, puisque le protocole IRC, par exemple, date de 1988. Mais cette fois, quelque chose changeait radicalement la donne : TOUT LE MONDE AVAIT MSN !
Or, ce levier est extrêmement important dans l'adoption d'un outil de communication. On verra, plus loin, combien mon abandon de WhatsApp s'avère pénible, et même encore impossible à ce jour.
Proton Mail
J'ai dans mon entourage plusieurs adeptes de Proton Mail, solution suisse de messagerie sécurisée. Je commence donc par là, suffisamment confiant pour choisir directement la formule payante Mail Plus. C'est le prix à payer pour obtenir 15 Go de stockage, équivalent aux offres gratuites de Hotmail et Gmail. J'aurais bien aimé une adresse @pm.me, mais elles sont épuisées, je me replie donc vers une adresse @protonmail.com .
En vérité, la forme m'importe peu, mon grand sujet c'est la délivrabilité. Ce qui m'attache le plus sûrement à mon adresse @hotmail.fr, c'est qu'elle n'arrive quasiment jamais dans les spams de mes interlocuteurs. Quand j'écris à quelqu'un pour la première fois, ce qui est très fréquent, je ne doute pas qu'il ou elle trouvera mon message dans sa boîte de réception : cette garantie est très précieuse.
Hélas, les premiers essais avec mon adresse @protonmail.com s'avèrent peu rassurants : mes messages de tests vers l'adresse @hotmail.fr arrivent piteusement dans les courriers indésirables. Peut-être un peu trop tôt ? Par acquis de conscience, je tente une alternative...
Infomaniak Mail
Je me tourne vers une autre solution helvète et crée un compte chez Infomaniak, dont j'entends depuis longtemps le plus grand bien en tant qu'hébergeur web. Cette fois, le service de messagerie est gratuit pour 15 Go de stockage. Et me voici équipé d'une nouvelle adresse se terminant par @ik.me .
Je réitère mes tests de délivrabilité... Cette fois, c'est un succès : rien dans les spams !
Premier bon point pour Infomaniak, que je décide finalement d'adopter pour les raisons qui suivent.
Stockage cloud et suite bureautique
Infomaniak kDrive
L'ouverture gratuite d'un compte Infomaniak donne accès à des services très équivalents à ceux de Google :
- GMail => Infomaniak Mail
- Google Drive => Infomaniak kDrive
- Google Agenda => Infomaniak Calendar
- Google Meet => Infomaniak kMeet
- Etc.
Chacun des services Infomaniak, pour ce que j'en ai testé, se révèle au moins aussi intuitif, complet et efficace que son équivalent chez Google. Certaines fonctionnalités font mieux que Google, par exemple :
- Dans kDrive, j'apprécie beaucoup la possibilité d'affecter des catégories aux fichiers et dossiers, puis de filtrer selon ces catégories. De plus, on a droit à 20 Go, contre 15 Go seulement dans Google Drive.
- La version gratuite de kMeet est illimitée dans le temps, avec enregistrement possible dans kDrive.
- J'ai testé et je confirme : les utilisateurs gratuits de mykSuite ont droit au support technique d'Infomaniak !
L'ensemble des outils et services est regroupé dans une interface appelée mykSuite, qui permet de passer aisément de l'un à l'autre. Sur sa page d'accueil, mykSuite offre une vision synthétique de l'activité : e-mails récents, prochains événements dans l'agenda, fichiers favoris dans kDrive, etc.
La maturité de kDrive m'impressionne, et je réalise à quel point, malgré les avertissements de certains, j'avais fini par confier la plupart de mes fichiers à firme de Mountain View. Je ne peux que constater l'abyssal manque de curiosité dont j'ai fait preuve envers ces solutions plus locales, qui font mieux pour le même prix (en l'occurrence, gratuitement), qui plus est à l'abri du très gênant Cloud Act 🤔
OnlyOffice
Néanmoins, l'une des raisons pour lesquelles j'avais adopté Google Drive il y a 10 ans, c'était sa suite bureautique intégrée. À l'époque, j'y trouvais le compromis idéal entre simplicité et fonctionnalité, une fluidité inégalée pour l'édition simultanée à plusieurs, et l'assurance que tous mes interlocuteurs pouvaient ouvrir les fichiers 👀
En l'occurrence, la suite bureautique associée à kDrive est une solution open source nommée OnlyOffice. Elle fonctionne parfaitement, et impressionne par son interface ultra-complète, semblable à Microsoft Office. D'ailleurs, je n'en demandais pas tant, et me serais volontiers contenté d'une interface dépouillée à la Google Drive.
Je reconnais tout de même que cette similarité avec la suite de Microsoft facilite grandement l'appropriation d'OnlyOffice, pourvu qu'on ait déjà bricolé avec Word ou Excel. Et pourtant, un détail, insignifiant en apparence, a failli me refaire renoncer à cette solution : la liste des polices de caractères 😮
Un problème trivial en apparence
En effet, hormis quatre web safe fonts (Arial, Times New Roman, Trebuchet, Verdana), c'est un long défilé de polices Kacst, Lohit et surtout Noto Sans, couvrant une grande partie des alphabets et systèmes d'écriture du monde. Cette vocation universaliste est extrêmement louable, mais concrètement, il m'est impossible d'écrire dans des polices aussi répandues que Calibri, Century Gothic, Garamond, Georgia ou Roboto, sans parler des polices plus créatives 😭
Ouf, une solution !
La solution passe par le téléchargement et l'installation de la version desktop d'OnlyOffice, car le logiciel charge alors les polices installées localement. Problème résolu donc, à condition que ce soit bien l'application locale qui démarre à l'ouverture des fichiers kDrive, et non l'application web.
Dans cet objectif, je choisis de connecter kDrive à OnlyOffice. Cela étant fait, l'interface complète de kDrive apparaît dans un onglet d'OnlyOffice, et donne la possibilité d'éditer aussi facilement des fichiers locaux que des fichiers distants.
Oui, mais...
Cette solution présente un inconvénient important 😕
En effet, la force d'un service tel que Google Drive, c'est qu'un navigateur web suffit pour accéder au stockage des fichiers et aux applications bureautiques associées. La solution kDrive offre exactement le même service, à condition de se cantonner à une toute petit poignée de polices de caractères. L'interopérabilité n'est plus assurée dès lors qu'on exploite des polices installées localement.
Alternatives à OnlyOffice
À cause de cette affaire de polices de caractères, si dérisoire en apparence, je suis allé tester d'autres solutions 🧐
Collabora Online
Et pourquoi pas Collabora Online ?
Parce que le problème des polices de caractères est le même...
NextCloud Office
Et pourquoi pas NextCloud Office ? Parce que NextCloud Office se base sur Collabora Online, et que le problème de polices de caractères reste donc le même 😒
D'autres encore ?
Je n'ai pas cherché plus loin. Je me laisse du temps pour vivre avec la solution actuelle, afin d'en détecter, à l'usage, les atouts et les limites.
Conclusion de cette partie #1
J'ai conscience que cet article, comme les suivants, n'explore qu'une partie des solutions. En effet :
- Je ne relate qu'une partie de mes postulats, de mes tentatives, et de mes impasses !
- Je suis loin de tout connaître, et je trouve honnête de montrer que la démarche ne va - hélas - pas de soi.
Depuis plus d'un mois, j'utilise au quotidien les solutions présentées ici. Cette épreuve des faits constitue pour moi une condition sine qua non pour me permettre d'en parler.
Dans le prochain article Detox Gafam #2, on passe à d'autres sujets :
- Naviguer sur le web avec Mozilla Firefox
- Consulter ses e-mails avec Mozilla Thunderbird
- S'informer sans passer par Google News
- Et pour finir, la question fatale des réseaux sociaux !
À suivre 😀